Le Carême évangélique : Entre jeûne digital et enrichissement spirituel en Christ
Dans notre société hyperconnectée, le temps du Carême peut prendre une dimension particulière en intégrant le numérique dans notre démarche spirituelle. Quarante jours pendant lesquels nous sommes invités à nous préparer à la fête de Pâques, à travers la prière, le jeûne et le partage, en nous rappelant les quarante jours que Jésus-Christ a passés au désert, seul face aux tentations.
À l’ère digitale, comment donner sens à cette tradition millénaire ? Le Carême numérique se présente sous deux formes distinctes mais complémentaires : le jeûne des écrans et l’utilisation des technologies pour nourrir notre vie spirituelle en Christ.
Le jeûne numérique : se déconnecter pour se recentrer en Christ
Le jeûne numérique consiste à limiter volontairement notre consommation d’écrans pendant le Carême. Cela nous permet de nous recentrer sur notre relation avec Jésus-Christ, en cultivant le sens de l’intériorité et en retrouvant le silence nécessaire à la prière.
Les méfaits d’une utilisation excessive des écrans sont nombreux : saturation d’informations, déconcentration, sursollicitation. Ces technologies, conçues initialement comme des outils de communication et de loisir, peuvent devenir « des sources de distraction sans fond qui absorbent chaque once d’attention que nous possédons ».
Les réseaux sociaux, particulièrement chronophages, constituent « un cercle vicieux dans lequel on se perd facilement ». En pratiquant le jeûne des écrans, nous pouvons nous concentrer sur les enseignements de Jésus et renforcer notre foi.
Le Carême numérique : utiliser la technologie pour nourrir sa foi en Christ
À l’inverse, le Carême peut aussi être vécu en utilisant les ressources numériques pour enrichir notre vie spirituelle en Christ. De nombreuses applications et plateformes proposent des parcours de prière, des méditations quotidiennes et des enseignements pour accompagner les fidèles pendant ces quarante jours.
Cette tendance s’est particulièrement développée depuis les confinements liés au Covid-19. Les certaines églises proposent souvent des parcours de Carême en ligne ou des applications pour aider les jeunes chrétiens à se connecter avec Jésus à travers des contenus spirituels accessibles.
Loïc, 30 ans, témoigne : « Au moment du café, nous écoutons ensemble l’Évangile de Jésus-Christ. Puis, je mets mon casque et, en marchant vers mon lieu de travail, j’écoute le podcast du jour ». Cette accessibilité représente un avantage considérable pour ceux qui ne peuvent rejoindre régulièrement un groupe de prière ou assister à des offices religieux.
Timothée Berthon, fondateur d’une application chrétienne, précise que l’objectif de ces outils n’est pas de renforcer l’addiction aux écrans mais d' »unir les fidèles entre eux plutôt que de les rendre accros », en les aidant à se concentrer sur Jésus. Internet peut ainsi devenir « un outil fort intéressant pour le Carême évangélique, car l’on peut bénéficier d’enseignements et de lectures spirituelles sur les réseaux sociaux ».
Discerner et trouver un équilibre
Face à ces deux approches apparemment contradictoires, le discernement s’impose. Comme le suggère un pasteur évangélique, il convient de « regarder humblement mon usage du numérique et voir ce que je peux mettre de côté pour quelque chose de plus grand : par exemple couper Netflix, pour lire un livre sur la vie de Jésus-Christ« . Les réseaux sociaux, particulièrement chronophages, constituent « un cercle vicieux dans lequel on se perd facilement ».
Jean-Marc Fayolle, jeune chrétien évangélique qui a choisi de faire une pause sur Twitter pendant le Carême, témoigne : « Dans la société de consommation, il y a tout un tas de faux besoins. Cela rend très difficile de savoir ce que l’on veut. La déconnexion numérique durant le carême est, certes douloureuse, mais permet de se recentrer sur ses vrais besoins pour savoir ce que nous voulons réellement en suivant Jésus« .
Le Carême numérique nous invite ainsi à un usage plus conscient et intentionnel des technologies. Il ne s’agit pas nécessairement de tout abandonner, mais de réajuster notre rapport aux écrans pour « mettre Jésus-Christ au centre« . Cette démarche s’inscrit dans l’esprit même du Carême tel que Jésus le recommande dans l’Évangile selon Saint Matthieu, invitant à la discrétion dans nos pratiques pénitentielles : « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret » (Mt 6, 18).
Conseils pratiques pour vivre un Carême numérique équilibré
Pour vivre pleinement cette dimension du Carême, plusieurs approches peuvent être envisagées. Il est possible de définir des plages horaires sans écran, de désactiver temporairement certaines applications, ou de limiter l’usage des réseaux sociaux. Christophe Herinckx suggère par exemple « d’arrêter de consulter son smartphone ou les réseaux sociaux à certains moments ».
Pour ceux qui choisissent d’utiliser le numérique comme support spirituel, il est recommandé de sélectionner une ou deux ressources de qualité plutôt que de multiplier les sources, ce qui pourrait créer une nouvelle forme de dispersion. L’important est que cette utilisation nous aide à « nous recentrer et à nous tourner vers l’essentiel en suivant Jésus-Christ« .
En définitive, le Carême évangélique nous invite à une libération intérieure, à une conversion du cœur qui nous prépare à célébrer pleinement la résurrection de Jésus-Christ à Pâques. Dans une société où le numérique occupe une place prépondérante, cette démarche nous rappelle que les technologies doivent rester au service de notre humanité et de notre vie spirituelle en Christ, et non l’inverse.
