Soeur Raghida témoigne de la souffrance syrienne
(RV) Entretien- Selon le constat fait par l’AED, l’Aide à l’Eglise à détresse, 10% des chrétiens ne peuvent vivre leur foi normalement et risquent leur vie en la confessant.
La Syrie, autrefois l’un de pays les plus sûrs, est devenu une terre de combats acharnés dans lesquels les chrétiens sont particulièrement vulnérables. Ville symbole du martyre des chrétiens de Syrie, Maaloula, récemment reprise par les troupes loyales à Bachar El-Assad après avoir été sous la coupe des djihadistes, a été très largement détruite.
Soeur Raghida, docteur en sciences de l’éducation, a été à la tête de l’école du patriarcat gréco-catholique à Damas, la capitale syrienne. Aujourd’hui elle vit en France. Elle a témoigné de son parcours lors de la nuit des témoins organisée par l’AED il y a quelques jours dans plusieurs églises et cathédrales de France. Sa mère et ses six frères et sœurs sont toujours en Syrie, où leurs vies sont tous les jours en danger et où ils subissent de nombreuses pressions. On l’écoute.
« Dans les villes ou villages qui sont occupés par les éléments armés, les djihadistes et tous les groupes musulmans extrémistes proposent aux chrétiens soit la chahada (la profession de foi musulmane, ndlr) soit la mort. Quelques fois, on demande une rançon. Donc, c’est entre la chahada, la rançon ou la mort. C’est impossible de renier leur foi donc, ils subissent le martyr. Et le martyr d’une façon extrêmement inhumaine, d’une extrême violence qui n’a pas de nom. Si vous voulez des exemples, à Maaloula, ils ont crucifié deux jeunes gens parce qu’ils n’ont pas voulu dire la chahada. Ils disent « alors, vous voulez mourir comme votre maître en qui vous croyez. Vous avez le choix : soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés ». Et bien non, on sera crucifié. Il y en a un qui a été crucifié devant son papa. On a même tué son papa.
Ce qui s’est passé par exemple à Abra, dans la zone industrielle, dans la banlieue de Damas. Au fur et à mesure où on entrait dans la ville, on commençait à tuer les hommes, les femmes et les enfants. Et après le massacre, on prenait les têtes et on jouait au foot avec leurs têtes. En ce qui concerne les femmes, on prenait leurs bébés et on les accrochaient aux arbres avec leurs cordons ombilicaux. Heureusement, l’espérance et la vie est plus forte que la mort. Après une accalmie et la reprise de l’armée de la ville, on fait des messes de requiem, on continue et la prière se fait encore plus intense. […]
Et quelles sont malgré tout vos raisons d’espérer ?
Le Seigneur ne nous abandonnera pas. Il va y avoir des hommes de bonne volonté comme il y en a encore qui travaillent et qui œuvrent pour le retour de la paix, pour soutenir, pour aider, pour aller sur place, mener des actions et témoigner de la fraternité malgré la politique. Ils continuent à prier et ils disent «personne ne meurt avant son heure ». Mais notre pays va se redresser, se reconstruire, rebondir et il redeviendra encore plus fort qu’avant. La solidarité est plus forte qu’avant. Notre attachement au Christ et à notre foi sera encore plus fort qu’avant.
L’intégralité de l’article sur le site de Radio Vatican.