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Des pasteurs parfois jeunes

En rangeant ma bibliothèque, je suis tombé sur un livre d’Odon Vallet qui a une dizaine d’années et dont le titre m’a accroché : « Dieu n’est pas mort… mais il est un peu fatigué ». C’est un état des lieux des religions. L’auteur a souvent des formules assez brillantes.

À une remarque sur l’âge moyen des prêtres en France (plus de 70 ans), il répond que c’est aussi l’âge moyen des pratiquants. Dans les pays où les prêtres sont plus jeunes, les paroissiens le sont aussi. Cette remarque frappée au coin du bon sens m’a donné à penser, car il n’en est pas de même chez les protestants. Dans les Églises historiques, les paroissiens ont aussi une moyenne d’âge élevée, mais les pasteurs sont parfois jeunes. Je me souviens d’une réunion de consistoire avec trois collègues dont l’un a fait remarquer qu’heureusement qu’il y avait les pasteurs pour rajeunir la moyenne, sinon il n’y aurait eu que des retraités !

Alors qu’à mon tour, je m’approche de l’âge de la retraite, j’ai fait la connaissance cet été d’une jeune pasteure qui prenait son premier poste dans une paroisse en perte de vitesse d’une région traditionnellement protestante. Elle était lucide sur la sociologie de l’Église locale et prenait son poste avec beaucoup de foi et d’enthousiasme.

J’ai été en admiration et j’ai eu peur, car j’ai aussi été le témoin de pasteurs qui ont quitté le ministère au bout de quelques années, ce qui représente un énorme gâchis humain et spirituel… D’autant qu’un diplôme en théologie n’est pas très monnayable sur le marché du travail.

J’ai eu peur, mais je n’ai pas voulu laisser la peur l’emporter sur l’espérance. Il faut croire que l’Église a un avenir et pour cela, elle a besoin de pasteurs. Alors j’ai une immense reconnaissance pour celles et ceux qui osent se lancer dans le ministère.

En pensant à ces jeunes pasteurs, je relis ces quelques pensées que le théologien François Vouga a mis dans la bouche de l’apôtre Paul au moment où il part pour Rome : « Je ne pars pas avec l’espoir, car j’ai été libéré de l’espoir, du besoin de tabler sur le futur… L’événement de Damas m’a libéré de l’espoir, par le don d’espérance… Tel est le don d’espérance que j’ai reçu : de vivre aujourd’hui dans la confiance, de m’y tenir fermement, avec persévérance, avec tout ce qu’il m’apportera, dans la certitude que le Père céleste qui m’a révélé son fils tient dans sa main le présent, le passé et l’avenir du monde[1]. »

[1] François Vouga, Moi, Paul !, Paris, Bayard, 2005, pp.276-278.

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Auteur Alice Papin

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