histoire d’un hymne chrétien devenu intemporel
Célébrant la grandeur divine à travers la nature, le Psaume de la création s’est imposé comme l’un des chants religieux francophones les plus populaires depuis les années 1980. Composé par Patrick Richard, il fusionne inspiration biblique, poésie franciscaine et engagement liturgique moderne, traversant les décennies sans perdre sa puissance spirituelle.
Origines et genèse d’un tube inattendu
En 1984, Patrick Richard, alors animateur du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), vit une nuit déterminante. Déçu par le retrait d’une de ses chansons d’un programme d’enregistrement, il découvre sur son bureau un signet du Cantique des créatures de saint François d’Assise. Cette prière du XIII<sup>e</sup> siècle, louant Dieu à travers les éléments naturels, devient l’étincelle créative : en une nuit, il écrit les paroles et la mélodie du Psaume de la création, enregistrée au petit matin sur un magnétophone.Publié en 1985 dans l’album Appelé à la liberté, le chant s’inspire librement :
Du Cantique des créatures, avec ses évocations du soleil, du vent et de l’eau.
Des psaumes bibliques de louange (Ps 8, 19, 104).
De la Genèse, suivant les étapes de la création jusqu’à l’homme, « juste moins grand que Dieu .
Structure et symbolisme : une louange universelle
Structuré en 5 couplets et un refrain répétitif, le chant utilise l’anaphore « Par… » pour énumérer les manifestations divines :
L’infiniment grand (cieux, montagnes) et l’infiniment petit (fleurs, bourgeons).
Les éléments naturels (feu, vent, blé) et les symboles chrétiens (pain, vin).
Le refrain, « Mon Dieu, tu es grand, tu es beau / Dieu vivant, Dieu très haut », résume une théologie accessible, mêlant transcendance et immanence.
Contrairement à François d’Assise, Patrick Richard évite la personnification de la Mort, préférant célébrer la vie et l’espérance. La mention finale du « pain et le vin » inscrit le chant dans une perspective eucharistique, reliant création et rédemption.
Un succès planétaire et liturgique
Dès sa sortie, le Psaume de la création connaît un succès fulgurant :
Vainqueur en 2021 d’un concours de « tubes chrétiens » devant Si le Père vous appelle.
Traduit en breton, arabe, castillan, etc., avec des millions d’écoutes sur YouTube.
Adopté lors de baptêmes, mariages, ou célébrations en plein air.
Son accessibilité musicale – une grille d’accords simple à la guitare (La, Fa♯m, Si mineur) – et sa mélodie entraînante en font un pilier des paroisses. Des artistes comme Grégory Turpin en proposent des reprises acoustiques, tandis que des portails éducatifs comme French Circles l’utilisent pour l’apprentissage du français.
Héritage et actualité écologique
Près de 40 ans après sa création, le chant conserve une résonance particulière :
Dimension écologique : Aligné sur l’encyclique Laudato si’, il rappelle la vocation de l’homme à protéger la nature, thème renforcé par la proclamation de saint François comme « patron des écologistes » en 1979.
Universalité : Son message de fraternité dépasse les frontières confessionnelles, touchant même des publics non croyants.
Patrick Richard, aujourd’hui retiré de la scène, laisse un héritage durable. Comme il le confie : « Ce chant n’est pas de moi, il passe par moi ». Preuve de son impact, des communautés du monde entier continuent de le psalmodier, perpétuant une louange qui unit terre et ciel, hier et aujourd’hui.
Le Psaume de la Création (paroles) – Pascale Montfort