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Joel Lorquet

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Joel Lorquet l’entrepreneur

J’ai toujours rêvé d’investir car je pense que, pour avoir de l’argent, si on est fonctionnaire, si on est employé, on ne va jamais y arriver. Jamais. On ne peut pas faire fructifier cet argent, puisqu’on a pas assez pour investir. On peut prendre la somme du salaire qu’on gagne par mois, la multiplier par 40, 50 ans, on ne va jamais arriver à être millionnaire. Mais si on investit et qu’on fait des profits, on peut investir de l’argent pour agrandir son entreprise. J’ai compris cela très jeune. J’ai donc décidé de m’adonner à l’entreprenariat tout en restant un salarié. J’avais un bon emploi, assez stable. J’ai pensé, à un certain moment, à démissionner, dès que j’aurais la certitude de pouvoir tenir seul avec mon entreprise. Mais je réalise maintenant que cela aurait été une grave erreur car au moment où il y a eu l’embargo, nous avons connu alors des heures vraiment difficiles et incertaines. J’ai donc opté pour travailler avec une organisation internationale, une ambassade, et gérer, en même temps, ma propre entreprise. Ce fut un choix exigeant mais payant. Je travaille très tard le soir, parfois jusqu’à une heure du matin.

Une des grandes leçons que j’ai apprises est que c’est l’entreprenariat qui crée la richesse. Ma carrière d’entrepreneur a commencé, alors que j’étais gosse, avec la confection de cartes de vœux que je vendais à Noël. Je les plaçais dans les librairies. En même temps, les commandes ont commencé à affluer pour mes dessins. Mon premier client fut l’Eglise Nazaréenne d’Haïti. J’étais le dessinateur principal pour tous les livrets d’école du dimanche pour les enfants. Je gagnais beaucoup d’argent, pour l’époque. Sans avoir à prendre soin de ma famille, je pouvais quand même contribuer aux dépenses de la maison. Beaucoup de poètes firent appel à moi pour illustrer leurs bouquins de poésie. D’autres clients me demandèrent l’illustration de livres scolaires. Tout cela marchait très bien. J’ai fait aussi un peu de peinture. Mais cela n’a pas duré.

Le dessin devenait de plus en plus astreignant. Il m’arrivait de passer trois mois de vacances à dessiner. Il est vrai que mes talents étaient maintenant connus. J’ai été lauréat à trois reprises : à un concours organisé par la Curacoa Trading, à l’époque. J’avais 12 ans. En 1979, j’avais 15 ans, j’ai été lauréat à un concours organisé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Le thème du concours était : « Enfant d’aujourd’hui ; Citoyen de demain ». J’ai gagné 2,500 gourdes. Je me souviens que le Ministre Théodore Achille m’a fait appeler, et après m’avoir prodigué des conseils, m’a offert une bourse. Il m’a donné 400 gourdes par mois pour étudier le dessin. Cela a duré jusqu’au départ de Duvalier, en 1986. L’idée avait été de supporter un jeune qui faisait des efforts, dans ses études aussi. Il avait vu en moi un potentiel et avait décidé de m’aider et de m’encourager. J’étais béni depuis lors

Mais il me fallait trouver autre chose à faire. J’ai publié des livres qui se vendaient assez bien. Le premier, sur les boat people a été vendu à 5000 exemplaires. C’est ce qui m’a permis de faire mon nom à l’époque. C’était en 1981. Les interviews à la télévision et à la radio s’étaient multipliés.

Après les livres, j’ai participé à mettre sur pied un salon de coiffure. J’ai aidé un ami coiffeur à louer un local à la Rue St Martin et à acheter le matériel dont il aurait besoin pour commencer. Là non plus je n’ai pas duré, mais mon ami est resté coiffeur et prend encore soin de sa famille avec ce studio. Je lui ai vendu le matériel à prix coûtant. Après le salon de coiffure, j’ai créé un petit restaurant près du stade, « Le Coq Roti ». C’était pendant le coup d’état, en 1992. Cela n’a pas bien marché. Je l’ai fermé. J’ai ouvert une épicerie à la Rue Prévost : « Pi bon pri. ». C’est là que j’ai compris que pour vendre le riz, il faut beaucoup d’argent. C’est un bon business mais qui ne rapportait que 10 gourdes le sac, et générait beaucoup de frais. J’ai ensuite entrepris de vendre des bouteilles de Juna. Mais j’ai réalisé que ce n’était pas un business intéressant.

La création de Publi-Média

Il me fallait trouver à exploiter un domaine beaucoup plus sûr et beaucoup plus lucratif. Pour cela, j’ai pensé que le mieux était de m’orienter vers quelque chose qui entrait dans le cadre de ce que je faisais mieux. Et puisque mes compétences étaient dans la communication, l’impression, le dessin, les livres, j’ai décidé d’aller franchement dans l’Imprimerie, ce qui était mon rêve depuis toujours.

Je fonctionnais déjà sous le nom de Publi-Média. En effet, sans local, sans appareil, j’imprimais des cartes de visite, des cartes de mariage… je sous-traitais des commandes avec des imprimeries de la place comme le Nouvelliste, ce qui me faisait des commissions de 10%.

Mon imprimerie a commencé à la Rue Chavannes, à la fermeture de l’épicerie. J’avais pensé, en effet, que l’idéal aurait été un quartier où il y aurait le courant électrique sans interruption, jour et nuit. J’ai fait des recherches et j’ai découvert qu’il y avait un circuit prioritaire qui allait à Carrefour-Feuille et qui passait par la Rue de la Réunion, la Rue Chavannes, la Rue Capois. J’ai réfléchi et un ami m’est venu à l’esprit : Patrick Moussignac, de Radio Caraïbes. Je suis allé le voir. C’est un type vraiment progressiste. Je lui ai expliqué que je cherchais un endroit où stocker du matériel pour commencer une imprimerie. Il m’a offert un espace qui se trouvait sur la cour de la radio. C’était un dépôt que « Jacky Karaïb » utilisait autrefois, avant sa mort. Ce qu’il me proposa avait tout pour me décourager à première vue : une pièce mal entretenue, dont le sol était troué et qui puait. Mais malgré cet abord difficile, je me suis écrié : « Mon cher, je vais réparer la pièce ». C’est ce que je fis à son grand étonnement. J’ai même construit une toilette pour les employés à l’arrière. Et j’ai commencé là, en 1993, avec Média-Texte. Dans le corridor. Et les gens venaient. Nous étions derrière la radio

L’entreprise démarra et gagnait en ampleur. Il fallait que je cherche un local, toujours dans le quartier, mais en avant. C’est ainsi que j’ai trouvé un espace disponible. Je l’ai loué. C’était le numéro 25. C’est là que j’ai placé l’imprimerie. Lorsque j’ai commencé, j’avais simplement un Abetik de format 8 1/2 x 14, du genre des machines de stencils. Quand j’ai eu assez de clientèle, je me suis procuré d’autres appareils. Nous avons commencé sans guillotine, avec juste un mini-offset.

Aujourd’hui, plus de 15 années plus tard, l’Imprimerie est dotée d’appareils vraiment sophistiqués, digital press, etc… Mais nos ambitions vont encore plus loin. Le local est climatisé pour offrir un meilleur service à la clientèle. En général, le client qui vient ne demande pas à voir vos matériels. Il demande à voir vos installations de base, comment on vous reçoit, si vous êtes fonctionnel.. En 1998-1999, j’ai acheté une propriété située à l’angle des rues Oswald Durand et St Honoré, à côté de Radio-Lab. Malheureusement, c’était un terrain litigieux. Je n’ai pas voulu m’aventurer dans un conflit vu que cela peut se révéler dangereux en Haïti. J’ai prié le Seigneur et je lui ai dit qu’Il me donnerait d’autres propriétés. J’ai perdu l’argent de l’acquisition de ce terrain, qui se trouve à proximité du consulat.

Mais, effectivement, quelques années après, j’ai pu me procurer un terrain à la Rue de l’Enterrement et depuis lors, nous avons construit le rez-de-chaussée. Notre projet est de construire 2 étages, de mettre un département de vente de téléphones ou une agence de change, etc… Le problème est que, n’ayant pas fait appel au crédit bancaire, j’ai mis du temps à arriver où je suis et je dois être encore patient pour réaliser ces projets. Le bon côté de cela est que je peux dormir tranquille. Je ne dis pas que la banque, ce n’est pas utile. Non, ce n’est pas une mauvaise chose de solliciter un prêt bancaire. En effet, pour certaines opportunités il nous faut trouver rapidement de la liquidité mais il faut être sûr de pouvoir respecter les échéances et rembourser. Mais quand on choisit ce moyen, cela ne doit jamais être pour les loisirs et la consommation mais toujours pour le business.

Aujourd’hui nous avons trois appareils Offset, dont un « Abetik » à 2 têtes, de format 18 x 12. Nous avons aussi une nouvelle invention, le Digital Press. C’est une presse comme l’Offset qui peut imprimer en quelques secondes en 4 couleurs : Impression 100% digitalisée et rapide. C’est ce que nous utilisons maintenant pour les couvertures de livres. Nous avons une guillotine, un avons un appareil de « gobage ». Nous n’avons pas les grands équipements des grandes imprimeries, mais heureusement, la technologie permet tout aussi bien de faire de belles impressions à peu de frais.

Nous avons, par ailleurs,notre propre publication qui est aussi notre organe de publicité : Le Guide du Consommateur, qui est comparable au Guide commercial de Montréal. Les articles qui y sont traités sont purement commerciaux. C’est distribué d’abord chez nos commanditaires et gratuitement là où il y a des réunions de personnes. Lorsque nous déposons des brochures dans un supermarché, elles s’enlèvent très vite. Nos prix n’ont pas changé depuis 17 ans. 7,500 gourdes pour une page. Cependant nos prix très abordables ne suffisent pas à inciter les sponsors à nous offrir leur publicité.

Comment Joël tient-il financièrement ?

Média-Texte me permet largement de prendre soin de ma famille. Nous avons une quinzaine d’employés et contractuels. Nous sommes spécialisés dans les livres et nous avons fidélisé une clientèle d’écrivains, qui ont fait choix de nous comme leur maison d’impression. Nous tenons, malgré vents et marées

Média Texte se fait un code d’honneur de ne pas imprimer d’ouvrages falsifiés. Les petites imprimeries pullulent en Haïti, mais la plupart acceptent volontiers ce genre de contrats, reproduisent les ouvrages scolaires par exemple, sans l’autorisation formelle des auteurs. Nous, nous refusons le plagia. Nous refusons aussi d’imprimer des publications à caractère pornographique, immoral ou vaudouesque. C’est encore une grâce de Dieu que nous ayons pu réussir jusqu’ici en évitant des contrats contraires à nos principes religieux et moraux. C’est une question de conscience d’abord.

On décrit souvent les entrepreneurs comme des ambitieux, des égoïstes, des insensibles… Dites nous comment est perçu Joël Lorquet, l’entrepreneur chrétien?

Comme un ambitieux, oui, mais dans le bon sens. Etre ambitieux, pour moi, veut dire : Etre dynamique, avoir l’envie de réussir, avoir envie de percer, avoir envie d’avoir sa part du marché, mais dans le bon sens. Je ne suis pas ambitieux dans le sens d’être avare et de vouloir tout pour moi-même, et de m’enrichir au détriment des autres, mais dans le bon sens. Avec le dynamisme et dans l’exigence. C’est ma conception de l’entreprenariat, que je subordonne à ma conscience. C’est bien de vouloir devenir quelqu’un. Mais que ce soit par l’effort, par l’étude, le travail. Et il n’y a aucun mal à vouloir réussir financièrement. Un chrétien riche peut aider l’église, donner de bonnes offrandes, payer la dîme, et réaliser plein de choses. Donc s’il y a une force économique dans le secteur évangélique, on pourra même envisager la création d’une chambre économique chrétienne, évangélique, avec des hommes d’affaire chrétiens, avec d’autres approches, pas pour faire de l’argent seulement, mais pour aider la communauté, aller dans le social. Moi, je suis pour cet Evangile, cette prédication qui dit que : « Si on sert Dieu comme il faut, on sera béni économiquement. »

C’est ma vision. Si on est chrétien, on ne peut qu’être béni. Dieu est le Maître du monde. Il est l’être le plus riche. C’est le Roi ! C’est à Dieu qu’appartiennent l’argent, la richesse. Si Dieu est mon Père, si je le sers vraiment, c’est normal qu’il me donne de l’argent. Il ne me laissera jamais demeurer dans une situation où je doive quémander une aumône. En Haïti, pour survivre, les gens ont tendance à passer vous voir pour vous demander de l’argent. C’est un gros problème. Nous recevons une dizaine de personnes par jour, plus nombreux que les clients… Ils défilent ici, et demandent la charité. Celui-ci a un problème pour payer son écolage. Cette dame a un bébé malade, ce vieillard a besoin d’argent pour s’acheter des médicaments… Franchement, nous sommes devenus un Ministère des Affaires Sociales. A la Rue Chavannes, nous n’avions pas ce problème. Pas autant, en tous cas. Je me demande si c’est les problèmes du pays ont empiré car je n’arrive pas à comprendre pourquoi il y a tous ces mendiants qui défilent. On leur donne 500 gdes, 1000 gdes… Ils reviennent peu de jours après. C’est un abonnement ! Je crois que si on est chrétien, on doit, au contraire, toujours avoir des ressources, on sera toujours béni, on doit toujours avoir assez de nourriture, assez d’argent pour partager avec les autres. C’est comme cela que je le vois, moi. Mais pour cela je pense qu’il faut être ambitieux. Encore une fois, dans le bon sens. Pas pour s’enrichir en accomplissant de mauvaises actions mais en restant un chrétien pieux, un chrétien exemplaire, modèle, pour les jeunes qui nous observent, pour la communauté en général

Que peut-on reprocher à Joel Lorquet ?

Je ne sais pas. Il se peut qu’il y ait des rumeurs. Mais, à part qu’il y a quelqu’un qui porte le même nom que moi et dont on m’attribue parfois les mauvais comportements, à moi, on ne peut reprocher que le fait d’être dynamique, d’être un touche-à-tout, d’avoir la folie de réussir, la volonté de réussir par tous les moyens légitimes. On dira de moi que je suis différent des autres,… et que j’aime m’exprimer en français. (rires) Mais, Dieu merci, j’ai réussi dans tout ce que j’ai entrepris, l’écriture, l’imprimerie…. Honnêtement. Je peux dire que je suis béni. Et je dis que cet attentat dont j’ai été récemment victime à St Domingue, où Dieu m’a sauvé la vie, était une manifestation de l’amour de Dieu pour moi. Que demander de plus ?

Quels conseils Joel pourrait-il donner aux jeunes ?

De bosser très dur pour réussir et de refuser de suivre les courants proposés par le monde pour s’enrichir. Quelle tristesse quand on sait qu’en Haïti, il est difficile de trouver une fille de 14 ans qui ne soit pas engagée sexuellement déjà, parfois avec plusieurs personnes. J’exhorte les jeunes, garçons et filles, à mener une vie pieuse. Pour plaire à Dieu. Parce qu’il y a de nombreuses bénédictions qui les attendent s’ils ont la crainte de Dieu. Je les exhorte à s’intéresser aux choses spirituelles, à poursuivre leurs études aussi loin que possible, à éviter les courants contraires, les fréquentations stériles, le compagnonnage de personnes négatives qui n’ont pour but que de les détourner du bien, à essayer de demeurer dans le bon chemin, à demander à Dieu de leur donner les moyens de résister aux tentations. Il vaut mieux choisir un pain sec avec une conscience tranquille que se retrouver devant un table bien garnie et l’appétit coupé, parce que votre conscience vous reproche à cause de ce que vous avez fait pour avoir cette nourriture.

Je convie les jeunes à la patience. Aujourd’hui, ils sont pressés de rouler une Mercedes, d’avoir une grande maison, pour faire voir… Autrefois, la société était un garde-fou parce que ce qui faisait de toi quelqu’un de respecté, ce n’était pas ton argent, mais le fait que tu sois un homme moral, droit, un homme de bien. Désormais, la société n’interroge plus les comportements. Ce qui l’intéresse c’est que Monsieur X a une belle voiture, mais cela lui importe peu de savoir comment il l’a obtenue. Elle va jusqu’à douter de l’honnêteté de ceux qui font des efforts pour rester conséquents avec eux-mêmes. On dira par exemple : « Se sou blòf Misye ye ! L’ap pran pòz moun de byen li ! Swa li nan dyab… »

J’ai appris que pour réussir honnêtement, il faut bosser. Aujourd’hui, les gens veulent arriver vite. Ils sont prêts à tout faire, mais ils oublient les conséquences. On peut avoir de l’argent en trois jours. Mais on peut aussi aller bêtement en prison pour un mauvais choix. On peut être tué aussi. Moi j’ai appris à croire dans la réussite par l’effort. Ici à l’Imprimerie, après 17 ans d’existence, nous aurions pu aller plus loin, mais nous voulons aller doucement mais surement. Je crois dans le progrès, la réussite, mais étape par étape. Chaque chose en son temps. La Bible, dans les proverbes, nous enseigne ces choses-là. On voit ce qui s’est passé avec ceux qui étaient trop pressés. Il faut qu’ils aiment Dieu de tout leur cœur. Ils ne doivent pas être des hypocrites, qui veulent montrer à la société qu’ils sont bien, alors qu’ils sont en conflit avec eux-mêmes, avec leur conscience. Que le message véhiculé avec la bouche se concrétise dans les faits, dans l’action, dans les gestes. Autrement dit, que l’on réalise ce qu’on prêche. C’est pour moi le seul chemin de vraie réussite, de réussite dans le bon sens, pour pouvoir devenir des modèles pour la société.

Et puis, il faut savoir que, paradoxalement, c’est risqué, dans un pays comme Haïti, de vivre hypocritement. On peut mentir un an, deux ans, trois ans, mais tôt ou tard, la vérité éclatera sur votre duplicité. Et il y aura bientôt des preuves qui vont vous avilir un peu partout. Donc, il vaut mieux mener une vie convenable, et comme cela on sera en paix avec sa conscience, en paix avec soi-même, en paix avec les autres, et surtout en paix avec Dieu

Quel est le secret de Joel Lorquet pour avoir réussi ainsi 17 années d’entreprenariat ?

Je crois que je le dois en grande partie à ce que j’ai reçu du scoutisme, ce mouvement auquel j’ai adhéré lorsque j’avais onze ans, à Jean-Marie Guilloux. J’ai été scout à St Louis de Gonzague. J’ai quitté en 1989, c’est-à-dire, une bonne vingtaine d’années de scoutisme. Mais on est scout pour la vie. Les pensées scouts s’associent aux principes bibliques. On peut les jumeler. Le scoutisme est une école de formation qui apprend aux jeunes à être sérieux, à être rigides, à être droits, à accomplir chaque jour au moins une bonne action, à avoir l’esprit de service, à partager, à avoir une seule parole, à ne pas mentir. J’ai été béni du fait d’avoir été scout. Ces principes, je les ai inculqués à d’autres, non seulement à travers l’église, mais aussi à travers le scoutisme même.

J’ai été béni dans les amis que Dieu a mis sur ma route et qui partageaient le même point de vue, que moi. Bien souvent, dans la vie, quand on échoue, c’est un ami qui vous fait échouer, parce qu’il vous conseille de faire de mauvaises choses et vous le suivez. Dans la vie, il faut être un leader. C’est ainsi qu’on évite de suivre les courants contraires. Et qu’on amène plutôt les gens à vous suivre sur la bonne route, et entre autres, sur le chemin de l’église

La réussite passe par le leadership. Quand on cesse d’être un leader pour devenir un suiveur. C’est là le premier pas de l’échec. Un mauvais leader vous entraînera sur un mauvais chemin. Si on est sur le bon chemin aujourd’hui, il faut y rester. Mais si on est sur un mauvais chemin, il faut s’en détourner pour prendre le bon chemin qui conduit à tous les résultats positifs qu’on connaît.

Mon secret peut se résumer ainsi : c’est d’avoir été discipliné depuis mon jeune âge, d’avoir été ambitieux dans le bon sens, d’avoir eu cette euphorie de réussir dans la vie, et d’avoir entretenu cette folie d’être un homme de bien, un homme droit, un homme chaste devenu par la suite un homme fidèle à son épouse. Comme tous les jeunes, j’ai eu beaucoup de sollicitations pour trahir mes convictions. Mais la grâce de Dieu m’a soutenu, la prière m’a gardé. Ce n’est pas facile d’être jeune. On reçoit beaucoup de pression et de sollicitations. De pressions même. Quelle fierté quand on a pu sortir victorieux de ces épreuves ?

Je veux encourager les jeunes dans nos églises à vouloir réussir en s’appropriant ce secret : Discipline, Sérieux, Folie – je le répète – de réussir en tout. Il faut avoir le rêve de sortir de quelque part et d’arriver très loin. Je ne suis arrivé à atteindre moi-même, qu’un faible pourcentage de mes objectifs. Parce que nous vivons dans un pays difficile, très dur, et marqué par les impondérables, un pays qui n’encourage pas ceux qui ont des ambitions, des visées, des visions, des plans… Je suis fier de pouvoir affirmer cependant qu’en dépit des embûches, des difficultés, des barrages, des découragements, et peut-être même des ironies, j’ai pu réussir. (…) Donc vous aussi, les jeunes, la réussite est à votre portée. Et vous pouvez devenir, vous aussi, un modèle pour la communauté, une référence pour le monde évangélique

Un dernier mot ?

Je demande à tous ceux qui me lisent de prier pour moi en ce sens, car la prière est la plus grande force qui existe. Cet attentat au cours duquel Dieu s’est manifesté puissamment dans ma vie en Décembre 2008, à Santo Domingo, a marqué un tournant décisif pour moi. Lui seul sait pourquoi Il m’a dit : « Je t’accorde la vie ». J’ai besoin de prières pour ma protection. Mais ma plus grande requête est que Dieu puisse me maintenir sur ce chemin que j’ai choisi, ce chemin qui n’est pas facile, celui de suivre Jésus et d’être un leader évangélique sincère

Et à vous qui me lisez, et qui pensez quitter le bon chemin, je dis : « Revenez ! » Car il y a beaucoup de bénédictions dans le chemin de la vie chrétienne. Ce n’est pas facile, mais je vous invite à tenir bon, à tenir ferme malgré vents et marées, parce que, ce qui nous attend demain comme bénédictions, comme récompenses, vaut beaucoup plus que les consolations éphémères que nous trouvons en dehors du chemin de l’Evangile. J’encourage chaque haïtien à devenir chrétien car c’est l’Evangile seul qui peut transformer Haïti. Imaginons que chaque Haïtien serait chrétien … Nous aurions un pays complètement changé, parce que c’est à nous, les chrétiens, qu’il a été confié la mission de faire la différence, et ceci, à tous les points de vue.

Et puis je dirai à chaque haïtien de ne pas seulement chercher à travailler pour un employeur, mais de se rappeler que chacun de nous est un potentiel investisseur. Commençons par recenser les idées, établissons une liste de nos possibilités et commençons avec le peu que nous avons. Même avec un « bac » de surettes ou de « fritailles ». Commençons avec quelque chose. C’est en devenant entrepreneur qu’on peut comprendre ce qu’il y a de bon dans l’entreprenariat : c’est qu’on peut partir de rien pour arriver très loin, pourvu qu’on s’y mette vraiment et qu’on soit très discipliné.

Interview: Jose Bautista
Rédaction: pascale Duplan Montfort

Jubau
Jubau
Jubau, pseudonyme de José Bautista, est l'animateur passionné de l'émission Vendredi RECAP. Auteur, compositeur et rédacteur pour BGospel.com, il a fondé Jubau GROUP en 2009, œuvrant pour la promotion de la musique évangélique.

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