Alors que le Mondial de football au Brésil a commencé, les supporters ne sont pas les seuls à prier pour que leur équipe marque des buts. Les joueurs sont nombreux à confier leur réussite au Ciel.
«Si les meilleurs chrétiens évoluaient sous le même maillot, le « Jesus football Club » serait un des plus belles équipe du monde», constate le documentaire Jesus Football Club diffusé en janvier 2014 sur Canal+. Cavani, Alex, Falcao, Maxwell, Lucas, Marquinhos, Ceara, Matuidi, Thiaggo, Pelé, Kaka, Messi… Longue est en effet la liste des meilleurs joueurs de la planète…qui revendiquent leur foi chrétienne sur le terrain et les plateaux télé. Le reportage, consacré aux rapports entre christianisme et football, rapporte ainsi que le PSG alignait à certains match une défense 100% évangélique avec Maxwell, Thiago Silva, Alex et Marquinhos. Commentaire de Marcos Ceara, ancien du PSG et pasteur évangélique : «Ça permet de faire une barrière de Dieu afin que leurs adversaires ne rentrent pas»…
En équipe de France, Olivier Giroud, Mathieu Debuchy et Remy Cabella ont déjà évoqué ici ou là qu’ils étaient catholiques, Evra et Matuidi se signent en entrant sur le terrain, et le 11 tricolore compte plusieurs musulmans pratiquants. Yohan Cabaye, le milieu de terrain français, a récemment fait son «coming out» dans le quotidien la Croix. Interrogé par Arnaud Bevilacqua, il explique : «Ma foi occupe une très grande place dans ma vie. J’ai la chance de vivre une très belle vie, sportive, humaine et familiale aussi. J’ai tout ce dont j’ai envie, mais je sais que, du jour au lendemain, tout peut s’arrêter. Je remercie Dieu pour la vie qu’il me donne et lui demande de rester croyant et d’être épargné par le Mauvais. J’ai toujours été plus ou moins croyant, mais plus je grandis et plus ma foi grandit. Je ne peux pas faire sans.»
Dieu joue pour le Brésil
« Dieu joue pour le Brésil », titrait de son côté le JDD il y a quelques jours, racontant l’histoire controversée de la puissante congrégation des Athlètes du Christ dont font partie certains joueurs de la Seleção. Le journal rapporte cette anecdote : «Bien que discret, Neymar n’a jamais caché sa foi (il se met à genoux après chaque but, ndlr). La star de la Seleção est fidèle à l’église pentecôtiste de São Vicente, dont le pasteur lui avait prédit qu’il serait un des plus grands joueurs du monde alors qu’il n’avait que 14 ans. Une prophétie qui n’a pas coûté cher et qui rapporte gros.»
L’Argentine, terre de Messi, est logiquement concernée par le phénomène. Les joueurs de l’équipe nationale ont une dévotion particulière pour la Vierge de la Médaille miraculeuse, explique le site Aleteia : «C’était un match qualificatoire pour le Mondial et pour les Jeux Olympiques de Pékin 2008. L’ Argentine a gagné les deux. Alors qu’il y avait match nul, à la mi-temps, l’équipe a prié Notre Dame. Le but est venu à la deuxième minute de la prolongation. C’est ainsi que cette invocation a conquis la première place !». Citant le journal argentin La Nacion, le site internet relate aussi que la présidente Dilma Rousseff a demandé au pape François de prier pour la victoire de l’Argentine.
Attribuer à Dieu la réussite sur le terrain ? Le phénomène n’est pas nouveau. On se souvient que Maradona avait parlé de la «main de Dieu» pour qualifier son but marqué de la main contre l’Angleterre en quarts de finale de la Coupe du Monde 1986. L’expression est désormais consacrée et ressort régulièrement lors de but aussi «miraculeux».
De même Pelé, qui a pris sa retraite sportive en 1977, explique dans le documentaire de Canal+ : «tout ce que j’ai fait, je le dois à Dieu. Je lui dois la santé et tout ce que j’ai fait dans le football.»
L’affichage de la foi par les footballeurs, quelque soit leur religion, est-elle seulement superstition ou support psychologique? Les sportifs s’y réfugient-ils uniquement pour la confiance et l’espoir qu’elle génère ?
La dimension spirituelle plus forte
Une vision bien réductrice pour Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne et ancien arbitre. Selon lui les sportifs de haut niveau ont une conscience particulièrement aigüe de leurs limites : «Toute activité humaine dépend de Dieu. Les footballeurs croyants savent que leur activité sportive se vit sous le regard de Dieu. Les sportifs de haut niveau tutoient leurs limites et se rendent compte, plus que d’autres, qu’ils ne sont pas tout-puissants et alors la dimension spirituelle se manifeste plus fortement. Cela me réjouit de voir qu’il y a dans le sport la place pour l’expression religieuse», expliquait-il dans La Croix en octobre 2013.
Et puis, croire que les footballeurs utilisent la religion comme formule magique pour marquer, c’est mal connaître leur perspicacité. Dans le documentaire Jesus football club, on suit ainsi Rémy Cabella, milieu de terrain à Montpellier se définissant comme catholique non pratiquant. Il discute de la foi avec des groupe de jeunes du centre d’entraînement de Montpellier : «Je ne demande pas à Dieu qu’il nous fasse gagner parce que si moi je demande, et si l’autre en face demande, qui va gagner ?» rigole-t-il. Ce à quoi un des jeunes lui répond : «C’est ce qui doit se passer, on ne fait que des matchs nuls !»
auteur: LAURENCE DESJOYAUX
source: Lavie.fr
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