Pour la première fois, Meriam, la Soudanaise chrétienne réfugiée à l’ambassade américaine à Khartoum, après l’annulation de sa condamnation à mort pour apostasie, a évoqué ses très difficiles conditions de détention, dans un entretien téléphonique accordé à la chaîne américaine CNN.
« Je pensais seulement à mon enfant et à la manière dont j’allais lui donner la vie. J’avais très peur à l’idée d’accoucher en prison. » La jeune femme de 27 ans raconte qu’elle a donné la vie à son enfant alors qu’elle était enchaînée. Elle ignore si ces conditions auront une influence sur le développement de l’enfant. Elle évoque également l’attitude de la police soudanaise à son égard, « terrorisante ».
Meriam est la cible d’une nouvelle procédure devant la justice par des personnes affirmant être membres de sa famille, a indiqué son avocat mardi 1er juillet.
INCULPÉE POUR USAGE DE FAUX
Ces personnes, de confession musulmane, qui entendent prouver leur lien de parenté avec Meriam Yahia Ibrahim Ishag étaient à l’origine de la première plainte en 2013 qui a abouti à sa condamnation à mort pour apostasie le 15 mai.
Elle est désormais accusée d’avoir tenté de voyager en utilisant de faux papiers. Libérée le 23 juin après l’annulation de sa condamnation à mort, elle a été arrêtée le lendemain à l’aéroport alors qu’elle voulait se rendre aux États-Unis. Finalement remise en liberté sous le contrôle d’un garant, elle a néanmoins été inculpée pour usage de faux.
PAS D’AIDE CONCRÈTE
Née d’un père musulman et d’une mère chrétienne orthodoxe, qui l’a élevée dans sa confession après le départ du père quand elle avait 5 ans, Meriam s’est convertie au catholicisme juste avant d’épouser son mari chrétien fin 2011, selon l’archevêché catholique de Khartoum.
« J’ai toujours été chrétienne, affirme la jeune femme à la chaîne américaine. Je n’aurais pas pu être musulmane avec les choses qu’ils m’ont faites et la manière dont ils m’ont traitée. » La jeune femme dit avoir reçu de nombreuses visites, notamment de la part d’organisations humanitaires internationales, mais n’a pas reçu d’aide concrète, affirme-t-elle en substance.
QUITTER LE SOUDAN
Elle nie formellement toute falsification de ses papiers. « Comment pourraient-ils être faux ? Ils viennent de l’ambassade. Ils sont approuvés par l’ambassadeur au Soudan du Sud et l’ambassadeur américain. » La jeune femme est en possession d’un visa pour entrer aux États-Unis.
Elle dit désirer ardemment quitter le Soudan, mais ignore exactement quand elle pourra être capable de le faire.
REFUGE
Ses avocats ont demandé à la justice, dimanche 29 juin, d’annuler les nouvelles charges pesant contre leur cliente, afin de lui permettre de quitter le pays. Son mari a la double nationalité américaine et sud-soudanaise.
Selon des activistes chrétiens, un homme affirmant être son frère a assuré que sa famille la tuerait si elle était acquittée des accusations d’apostasie, poussant Meriam à trouver refuge à l’ambassade américaine avec son époux et leurs deux jeunes enfants, dont la cadette est née en prison.
source: L. B. S. (avec CNN et AFP)