Un nouveau “Chants d’Esperance” avec une nouvelle orthographe
Pour commémorer les 200 ans du Protestantisme haïtien (1816-2016), le fameux recueil des « Chants d’Esperance », livre liturgique protestant, a été réédité. La nouvelle version, revue, corrigée et augmentée, a notamment adopté la nouvelle orthographe du créole haïtien.
La section créole du recueil des Chants d’Esperance s’est enfin adaptée à la nouvelle orthographe du créole haïtien, ce que de nombreux chrétiens évangéliques réclamaient depuis des années. Sa lecture devenait de plus en plus difficile pour toute une génération de lecteurs ayant appris la nouvelle orthographe sur les bancs de l’école.
Pour rappel, l’orthographe du créole en vigueur aujourd’hui avait été décrétée par l’Etat haïtien en janvier 1980. Sept ans plus tard, en mars 1987, une constitution proclama le « kreyòl » la langue officielle d’Haïti à égalité avec le français qui jouissait tout seul de ce statut depuis 1918.
La nouvelle graphie adoptée en 1980 s’était imposée dans les écoles primaires et toute une génération a dû l’apprendre alors que l’orthographe du recueil des Chants d’Esperance ne bougeait guère. Elle maintenait l’ancienne orthographe jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, le nouveau recueil vient apporter une correction à cet anachronisme linguistique.
Cette nouvelle édition, avons-nous appris, est l’œuvre de la Presse Evangélique qui a mis sur pied une commission d’experts pour plancher sur la nouvelle version. Cette commission comprend notamment le pasteur Edner A. Jeanty, l’un des artisans de la traduction de la Bible en créole haïtien.
Le nouveau recueil de cantiques évangéliques a été officiellement présenté le 23 septembre 2016 par la Presse Evangélique et l’UEBH (Union Evangélique Baptiste d’Haïti). Selon le Directeur général de la Presse Évangélique, Nacesse Brice, ce travail de révision et d’adaptation avait commencé en 2009.
« Le recueil des Chants d’Esperance n’est pas tombé du ciel. Cette œuvre a commencé avec le missionnaire américain Thomas Evans dans les années 1940 », a pour sa part indiqué le Pasteur Jeanty dans la préface du nouveau « Chants d’Esperance ».
Le pasteur Evans utilisait alors une orthographe proche de celle du français et qui était demeurée même après l’adoption de la nouvelle graphie de 1980. « Avec l’évolution de la langue créole, le besoin de correction et d’harmonisation dans les chants populaires s’est fait sentir, et une révision est devenue nécessaire », a indiqué le pasteur Edner Jeanty.
L’édition 2016 des Chants d’Esperance est maintenant conforme aux novelles normes orthographiques. Mais d’autres changements ont été aussi apportés au nouveau recueil. De nouveaux chants et de nouveaux livrets sont ajoutés au recueil de cantiques qui est devenu un patrimoine de toutes les églises haïtiennes. Parmi les ajouts figurent les cantiques de Beraca et les Cantiques spéciaux comme ceux du groupe haïtien Alabanza ou Les Gilbert.
Le recueil des Chants d’Esperance, qui en général marche de pair avec la Bible dans les milieux évangéliques, a également subi quelques corrections dans sa section française. Des chants comportant des erreurs grammaticales et syntaxiques (8, 13, 17, 23) et théologiques (108 Français Mélodies Joyeuses, strophe 4) ont été revus, avons-nous appris. Certains couplets ont été ajoutés à des chants figurant dans le recueil (2, 18, 72 Français Chants d’Esperance). D’autres changements sont aussi apportés au niveau de la forme, des couleurs, du papier utilisé, de l’impression de la couverture, de la taille des lettres, de la typographie, etc.
Concernant les corrections d’ordre théologique, M. Louines Volmy, membre de la Commission de révision et de correction des Chants d’Esperance, a fait savoir que « Les paroles de certains cantiques dans la première version ne correspondaient pas toujours aux préceptes bibliques. »
Le nouveau recueil est actuellement disponible à la Presse Evangélique, Port-au-Prince, Haïti. « Chaque chant de ce recueil charrie un message d’espérance qui donne gloire au Dieu d’espérance et édifie un peuple qui vit d’espérance », a conclu le pasteur Edner A. Jeanty.
Jonel Juste