Vous est-il déjà arrivé de lire un verset dans la Bible et pensé que Dieu aurait mieux fait de ne pas l’inclure dans sa parole? Par exemple, quand il dit : « aimez vos ennemis », ou bien « supportez-vous les uns les autres » ou encore « apportez à la maison du trésor toutes les dîmes », « soumettez-vous les uns aux autres » ?
Il y a quelques versets pour lesquels je me suis dit plus d’une fois : “Qu’est-ce que ce verset fait dans la Bible ?”. Par exemple, j’ai toujours eu des problèmes avec Ephésiens 5.20 :
Ephésiens 5 : 20
20 rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ,
J’ai lu et relu ce verset des milliers de fois au cours de ma vie chrétienne et à chaque fois, j’ai eu le sentiment que quelque chose ne tournait pas rond avec ce verset. En effet, dois-je vraiment remercier Dieu pour toutes choses ? C’est aussi ce que beaucoup de frères et soeurs dans la foi nous conseillent quand nous passons par de lourdes épreuves : « Remercie le Seigneur pour cela ». Je n’arrive pas à saisir cela. Il faut dire que je n’ai pas vocation à être masochiste et par conséquent, lorsque je suis victime d’une catastrophe ou que j’ai un problème, de part ma nature je n’ai pas du tout envie de remercier Dieu pour ces choses.
Or très souvent, ce ne sont pas les versets de la Bible qui ne devraient pas y figurer, mais nous devrions plutôt faire attention à la manière dont nous interprétons ces versets.
Si nous prenons ce verset à la lettre et hors du contexte de la Parole de Dieu, il semblerait que nous devrions en effet remercier Dieu pour toutes choses. Ainsi, nous devrions Le remercier pour les tremblements de terre, pour la famine qui tua des milliers d’Ethiopiens en 1984, ou pour Hitler et ses millions de victimes; sans oublier le Tsunami qui en 2004 tua près de 250.000 personnes ; ou encore pour la fait que la belle-mère est décédée la veille, et pourquoi pas parce qu’un enfant est mort prématurément. Pensez-vous vraiment que le Seigneur s’attend à ce que nous le remerciions pour cela ? Bien sûr que non.
Un principe fondamental de l’interprétation des Ecritures est ce que l’on appelle « l’analogie de la foi », ou en d’autres termes : la parole s’interprète par la Parole. Chaque passage est confronté à d’autres afin de nous assurer de sa bonne interprétation.
Par exemple, en 1 Thessaloniciens 5.18, il est dit : « Rendez grâce EN toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ ». Ce verset ne dit pas de remercier Dieu POUR mais EN toutes choses, ou en toutes circonstances. En d’autres mots, nous ne remercions pas le Seigneur pour tout ce qui nous arrive, car ce serait du pur fatalisme, mais en toutes circonstances, malgré les situations, nous allons remercier Dieu – non pas pour les situations, mais pour le fait qu’Il est notre Dieu et qu’il possède toutes les solutions pour toutes les situations. Ainsi, si je roule en voiture sur l’autoroute et qu’un pneu crève, je ne vais pas remercier le Seigneur pour ce pneu crevé, mais pour le fait que Dieu a une solution pour me sortir de ce problème.
De même, il est clair que le Seigneur ne nous demande pas de Le remercier pour ce qu’Il n’a pas fait, ou pour ce que le Diable fait. En fait, remercier Dieu pour toutes choses équivaudrait à attribuer à Dieu toutes choses, y compris ce que le Diable entreprend. Nous savons du reste que Jésus est venu apporter la vie abondante, et que c’est le diable qui est venu pour voler, égorger et détruire (Jean 10 :10). Ainsi, tout ce qui peut être placé dans ces trois catégories ne vient pas de Dieu et il n’est certainement pas nécessaire de LE remercier pour cela.
De surcroit, Hébreu 11.6 dit que Dieu est le « rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Mais lisons complètement ce verset : « Or, sans la foi il est impossible de Lui être agréable, car il faut que celui qui s’approche croie que Dieu existe et qu’il le rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Voici une définition assez exceptionnelle de la foi. La foi c’est croire que Dieu existe ET….qu’Il est le rémunérateur… La foi, c’est bien plus que croire, c’est croire que Dieu est, et c’est aussi croire qu’Il est POUR NOUS. Il est le rémunérateur. Rémunérer veut dire : ajouter, rétribuer, payer… Une autre traduction dit qu’il est celui qui récompense. Rémunérer veut toujours dire ajouter, jamais retrancher. Ainsi, si un homme doit avoir son bras amputé en raison d’une gangrène, il ne doit pas « remercier » Dieu parce qu’on lui enlève le bras. Dieu n’enlève pas, il ajoute ! De même, si quelqu’un doit se faire enlever un rein car il est ne fonctionne plus, cela ne sert à rien de remercier Dieu pour cela, il en est pour rien. La maladie ne vient pas de Dieu, elle est le résultat direct de la chute de l’homme dans le jardin d’Eden. La maladie vient de notre ennemi.
A force de mal interpréter la Parole de Dieu et de remercier le Seigneur POUR toutes choses, nous développons en nous une mentalité de passivité. Nous commençons à nous résigner, à accepter toutes choses, et en fin de compte à croire que tout vient de Dieu. Mais ce n’est pas le cas ! La Bible nous dit clairement ce qui vient de Dieu : la vie abondante et tout ce qui contribue à la vie et la piété (1 Pierre 1.3)
Ainsi, lorsque Ephésiens dit de rendre grâce à Dieu pour toutes choses, le contexte est clair : d’abord il dit de ne pas s’enivrer de vin car c’est de la débauche – donc, ne remerciez pas le Seigneur car un de vos proches s’enivre de vin !!! – mais d’être rempli du Saint-Esprit, et ensuite le passage dit comment l’être : « entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur;” (remarquez, ce sont chaque fois des choses qui sortent de notre bouche lorsque nous sommes remplis de l’Esprit) et il continue en nous exhortant à remercier Dieu pour toutes choses. Quelles choses? Toutes les choses que nous disons sous l’influence de l’Esprit et qui sont en accord avec ce que le Seigneur nous a donné en Christ.
Pour terminer, je me permets d’insérer une partie d’un commentaire de Kenneth Wuest qui expose très bien ce passage: « Beaucoup de commentateurs lisent dans le « toutes choses » ce qui peut y avoir de plus étendu que possible, à savoir les bonnes comme les mauvaises choses. L’Epître aux Ephésiens ne parle pas de la souffrance du croyant, mais au contraire de ce que le croyant reçoit du Seigneur (Ephésiens 1 :3 : nous sommes bénis de toutes les bénédictions spirituelles), et de sa réponse en conséquence de ce qu’il a reçu. Il est ainsi beaucoup plus correct en prenant en compte le contexte de toute la lettre aux Ephésiens de comprendre le « toutes choses » comme se référant à toutes les bénédictions du chrétien, tout le bon qui vient de Dieu. »*